Couverture

René Pujol

AU TEMPS DES BRUMES

©2020 Librorium Editions

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Librorium Editions

CHAPITRE PREMIER

OÙ IL EST QUESTION D’UNE PETITE PERTURBATION ATMOSPHÉRIQUE

Jacquot veut déjeuner !… Jacquot veut déjeuner !

Les cris du perroquet éveillèrent tout à fait Mme Gorgette, retombée dans la torpeur du demi-sommeil après avoir constaté qu’il faisait encore nuit. Été comme hiver, la brave femme se levait un peu après le soleil, d’abord pour économiser la lumière, ensuite par hygiène. Et, de fait, elle avait encore, après la cinquantaine sonnée, la pétulance et la vigueur de ses vingt ans.

En se mettant sur son séant, Mme Gorgette fit rouler, d’un côté, son chat Kiki et de l’autre son chien Goliath, tous deux couchés sur son lit.

— Jacquot ! dit-elle, tu es fou de demander ton déjeuner si tôt !

Elle jeta un coup d’œil vers sa pendule, mais elle ne put en apercevoir le cadran, car nulle lueur ne filtrait à travers les rideaux. Elle alluma l’électricité et constata que, malgré les apparences, le volatile avait raison : il était sept heures et demie.

— Par exemple ! s’exclama Mme Gorgette. Comment ne fait-il pas encore jour ?

Et, passant en hâte un peignoir, elle courut ouvrir la fenêtre de sa chambre.

Mme Gorgette était à la fois la concierge et la propriétaire d’un immeuble de rapport, construit à mi-flanc du coteau de Meudon. Au delà d’un jardin où des radis roses voisinaient avec les pétunias et les salsifis avec les lis, la forêt enveloppait d’autres pavillons, dont les toits émergeaient à peine au-dessus des frondaisons.

La maison n’était pas grande, mais les locataires payaient bien, et le montant des loyers suffisait à faire vivre convenablement Mme Gorgette, son chien et son chat Kiki, un honnête matou de gouttière, et Goliath, un tout petit chien de race imprécise, hargneux à souhait, toujours prêt aux querelles, et qui poussait des hurlements affreux chaque fois qu’il croyait sa précieuse existence menacée par ses semblables ou par des humains.

Mme Gorgette, ayant replié les volets, demeura stupéfaite. Un brouillard noirâtre, d’une extraordinaire opacité, l’empêchait de voir à deux mètres.

Ce n’était ni la nuit ni le jour, cela n’était pas diaphane comme ce que les Anglais surnomment la « soupe de pois ». Les rayons du soleil ne parvenaient pas à percer cette masse, et, seule, une très vague grisaille indiquait qu’au delà de cette brume, haut dans le ciel, il devait faire jour.

— Un brouillard pareil en juillet ? reprit Mme Gorgette. Mais ça ne s’est jamais vu ! Qu’est-ce que cela signifie ?

Elle traversa vivement sa loge, car entendait parler dans le vestibule.

Grâce à l’éclat de la grosse lampe électrique, Mme Gorgette reconnut deux de ses locataires : Jacques Lebret et M. Tubaze.

Jacques Lebret, peintre-décorateur en attendant de pouvoir vendre ses toiles à quelque Mécène épris d’art moderne, avait constante gaîté, et aimait la vie beaucoup plus pour ce qu’elle lui promettait que pour ce qu’elle lui avait déjà donné, car il était pauvre. Il était parfois en retard pour payer son terme, mais Mme Gorgette feignait de ne jamais le savoir. Elle aimait le jeune homme parce qu’il adorait les animaux et tolérait volontiers la présence de Kiki sur sa table pendant ses repas.

M. Tubaze était rentier. Cette honorable profession lui laissait tous les loisirs nécessaires pour se plaindre de son sort, récriminer contre la société entière, et prédire à bref délai les pires catastrophes, toutes imputables au gouvernement. Il exécrait par principe tout ministère au pouvoir, sans distinction de parti.

M. Tubaze était au mieux avec sa concierge et au plus mal avec sa propriétaire. Il connaissait à fond les innombrables lois sur les loyers, et en jouait ainsi qu’un jongleur joue avec ses massues. Comme la concierge et la propriétaire n’étaient qu’une seule et même personne, la digne Mme Gorgette, les heurts entre elle et M. Tubaze étaient déplorablement fréquents et les dissentiments à peu près chroniques.

Pour l’instant, M. Tubaze brandissait d’un air furieux son pot de lait vide.

— Cela ne devrait pas exister ! disait-il à Jacques, d’un ton indigné. À quoi sont bons les services météorologiques que nous payons, nous autres contribuables ? Ils annoncent le beau temps pour aujourd’hui ! Ce serait à mourir de rire si ce n’était à pleurer !

— Un peu de patience, monsieur Tubaze, répondit Jacques. Le brouillard ne va pas tarder à se lever.

— Vous êtes optimiste ! ricana le petit rentier. Il épaissit, au contraire !

Jacques examinait les trois marches du perron :

— C’est étrange, le sol est parfaitement sec. Ce brouillard ne mouille pas… D’ailleurs, est-ce bien du brouillard ?

— Que voulez-vous que ce soit ? grinça M. Tubaze.

— Je l’ignore, cher monsieur, répliqua le jeune homme sans s’émouvoir. Je constate une anomalie, mais je suis trop ignorant pour l’expliquer…

Mme Gorgette, avancée sur le seuil, prit à son tour la parole en s’adressant à Jacques, car elle était dans une période de fâcherie avec M. Tubaze.

— Il fait aussi chaud que s’il faisait soleil ! Si cela ne se dissipe pas, il y aura des accidents sur les routes, aujourd’hui…

— Si cela pouvait ramener les chauffards à la sagesse, riposta l’irascible M. Tubaze, s’adressant, lui aussi, à Jacques.

Et d’une voix soudain sarcastique :

— M. Juliette, qui est si savante, va nous expliquer le phénomène !

Celle que le petit rentier annonçait ainsi était une jeune fille brune, fine et jolie, élégante sans recherche, coquette d’allure et de mise sans cesser d’être simple.

Juliette Fargeau, locataire du premier étage, n’avait pas de fortune, mais subvenait courageusement aux besoins de sa mère, clouée depuis trois ans dans un fauteuil par une hémiplégie. Elles vivaient toutes deux seules, très unies, et Mme Gorgette se chargeait des gros travaux de leur ménage.

Juliette avait poussé fort loin ses études scientifiques, et elle était capable d’en remontrer à bien des ingénieurs diplômés. Attachée à un laboratoire d’appareils de mesures électriques, elle était considérée par ses savants directeurs comme une collaboratrice des plus précieuses.

M. Tubaze affectait de mépriser les femmes, qu’il tenait pour des créatures inférieures. La certitude que Juliette était plus intelligente que lui le rendait souvent injuste à l’égard de la jeune fille. Il racontait qu’elle était orgueilleuse, qu’elle prétendait dominer tout le monde, et ces appréciations calomnieuses, souvent proférées devant Mme Gorgette qui aimait la jeune fille, déclenchaient des disputes à la fois pénibles et comiques.

Les bonjours échangés, Juliette resta aussi perplexe que les autres. Lentement, le brouillard envahissait le vestibule. Il n’avait pas cette odeur spéciale des brumes autour des grandes villes et ne causait aucune gêne respiratoire.

Dans la loge, le perroquet glapissait :

— Jacquot veut déjeuner !… Jacquot veut déjeuner !…

Jacques regardait avec une secrète admiration le profil de la jeune fille, d’une remarquable pureté de lignes. Mme Gorgette attendait, certaine que l’énigme allait être résolue en quelques secondes. Mais Juliette déclara franchement :

— Je ne comprends pas.

Cet aveu d’ignorance arracha à M. Tubaze un ricanement dont il sentit lui-même l’absurdité ; son pot au lait au poing, il descendit le perron et disparut dans la bizarre obscurité, sous le regard irrité et réprobateur de Mme Gorgette.

— Non, je ne comprends pas… répéta Juliette.

— Vous croyez donc, vous aussi, dit-il qu’il ne s’agit pas d’un brouillard ordinaire ?

— Ce n’est pas un brouillard.

— Quoi ? s’écria Mme Gorgette. Qu’est-ce que c’est, alors ?

Juliette continua en souriant :

— Un brouillard est composé de globules d’eau, tandis que celui-ci me paraît plutôt fait de fumée ou de cendres extrêmement ténues.

— Il y aurait donc eu une éruption volcanique ? interrompit Jacques.

— Oh ! à des milliers de lieues, peut-être, ou bien un immense incendie de forêt.

— En France ?

— Ou en Hongrie, ou même de l’autre côté de l’Oural… Nous avons devant nous ce que d’anciens voyageurs ont appelé les ténèbres du Canada…

— Du Canada ? gémit Mme Gorgette. Ce n’est pas dangereux au moins ?

— Du tout, affirma Juliette. Et il est probable qui cela ne durera pas longtemps.

— En tout cas, fit la concierge-propriétaire, il faut fermer la porte, car ces ténèbres du Canada s’introduisent partout. Si vous voulez mon opinion, on dirait des gaz asphyxiants !

Elle repoussait déjà le vantail, quand une grosse voix l’arrêta :

— Laissez-moi sortir d’abord. Brouillard ou pas brouillard, faut que j’aille à mon travail, moi.

Il suffisait à Paturot de prononcer quelques syllabes pour révéler ses origines : il était Auvergnat. Grand, large d’épaules, doté de mains énormes, il exerçait le métier de déménageur. Métier harassant, peu distractif, mais qui n’exige pas un effort mental considérable. Paturot était un bien brave homme, mais d’une intelligence un peu bornée. Cela ne l’empêchait d’ailleurs pas d’être heureux.

Il habitait sous les combles une mansarde qui prenait jour par une étroite lucarne. Il faisait sa cuisine sur un fourneau à gaz d’essence dont Mme Gorgette avait la terreur.

— Vous finirez par mettre le feu ! diagnostiquait-elle chaque fois qu’elle voyait rentrer le déménageur chargé de provisions.

À quoi Paturot répondait avec une logique écrasante :

— Qu’est-ce que ça peut faire, puisque vous êtes assurée et moi aussi !

Le colosse hésita devant l’obscurité trouble, devant ce véritable mur de brouillard dressé à un pas de la porte.

— Faut pourtant que j’aille à mon travail, répéta-t-il.

— Et moi de même, dit Juliette.

— Partons tous les trois ! proposa Jacques.

Il leur arrivait d’ailleurs fréquemment de descendre ensemble jusqu’à la gare, car ils commençaient à la même heure et avaient un de ces abonnements de banlieue qui réduisent le prix des transports à un taux raisonnable.

— Bon voyage et faites bien attention ! recommanda Mme Gorgette.

Ils ne lui demandèrent pas à quoi ils devaient faire attention, car elle eût été incapable de le préciser. Les grandes personnes, même les plus raisonnables, ont toujours un peu peur de l’ombre parce que dans leur enfance on leur a inspiré la terreur irréfléchie de cette ombre.

Quand la concierge-propriétaire eut refermé la porte, les trois voyageurs s’arrêtèrent à deux mètres du perron pour s’accoutumer aux ténèbres. C’était tout juste s’ils distinguaient leur propre silhouette.

— Ça alors c’est un peu fort ! grogna Paturot. C’est plus noir que la gueule d’un four ! Heureusement, nous connaissons le chemin jusqu’à la gare.

— Marchons sur l’accotement, conseilla Jacques. Une auto pourrait nous heurter.

— Oh ! les autos doivent rester au garage ce matin ! dit en riant Juliette. C’est une impression bizarre, je sais que la route est parfaitement unie, mais je n’ose pas avancer. Il me semble que je vais heurter un obstacle.

— Donnons-nous le bras proposa Jacques. Si l’un de nous trébuche, les deux autres le soutiendront.

Ainsi firent-ils, et ils s’éloignèrent, tandis que le perroquet glapissait toujours, d’une voix suraiguë qui leur parvenait encore :

— Jacquot veut déjeuner !… Jacquot veut déjeuner !…

Ils avaient la pénible sensation d’être presque aveugles. Le brouillard étouffait le bruit de leurs semelles sur le macadam et, vaguement préoccupés, ils avançaient sans parler.

Comme l’avait prévu Juliette, ils ne rencontrèrent aucun véhicule roulant sur la chaussée. Quelques autos étaient rangées devant des villas, tous leurs phares allumés, mais, nul n’osait les lancer vers Paris.

En se rapprochant de la gare, ils entendirent plutôt qu’ils ne virent des groupes d’ouvriers et d’employés se dirigea comme eux vers leur travail.

La salle d’attente était bondée. Les rames marchant forcément au ralenti, le service ordinaire subissait une grande perturbation.

Tout le monde parlait du brouillard et surtout du retard qu’il imposait. Malgré ce désagrément, la foule, ravie des conditions spéciales de cette matinée, restait joyeuse et insouciante.

Les lumières de l’intérieur de la gare disparaissaient peu à peu, fondaient littéralement dans la brume. Quant à celles de l’extérieur, on ne les apercevait plus du tout.

Un train arriva, sifflant sans relâche, car le mécanicien ne discernait aucun signal. Il s’arrêta à Meudon par routine, dépassant le quai d’une trentaine de mètres.

Les voyageurs se ruèrent à l’assaut de wagons déjà pleins. Dans la cohue, Julien, et Jacques furent séparés de Paturot qui criait d’une voix vainement menaçante :

— Ne me bousculez pas, ou je vous assomme !

Le train reprit sa lente glissade. Le lancinant sifflet de la locomotive obligeait les gens à penser constamment au danger. À chaque coup de frein, une grosse dame gémissait, annonçant une catastrophe, et nul ne protestait dans le compartiment, tant un télescopage semblait possible.

Le train mit trois fois plus de temps que d’habitude pour atteindre le terminus, s’engagea à la vitesse d’un homme au pas dans l’inextricable écheveau de rails de la gare Montparnasse, et heurta le butoir assez rudement pour affoler les voyageurs. La grosse dame prit le parti d’appeler au secours sans nécessité flagrante et sans émouvoir ses compagnons.

Ils se précipitèrent en désordre vers la sortie, autant par hâte de gagner le bureau ou l’atelier que par soulagement d’avoir échappé à un péril.

Paris avait allumé toutes ses lumières. Malgré cela, l’obscurité restait maîtresse de la ville. On y voyait à peine un peu plus qu’à Meudon.

Déconcertés, les banlieusards se cherchaient, s’appelaient, erraient à la recherche les uns des autres.

— Je vous accompagne jusqu’au métro, dit Jacques à Juliette.

— Mais ce n’est pas votre chemin, objecta cette dernière.

— Bah ! un détour de deux minutes…

Il n’y avait sans doute pas beaucoup de voitures particulières dans les rues, mais les tramways, les autobus, les taxis, les camions de livraison étaient sortis, obéissant à cet automatisme que créent les besoins inéluctables. Cela suffisait pour créer un embouteillage ahurissant, en dépit efforts des agents. Sous l’étrange manteau déployé sur elle, la Ville gigantesque était comme paralysée.

— La circulation est impossible, fit Jacques. Je ne vous conseille pas de prendre l’autobus, aujourd’hui.

— Cela ne durera pas jusqu’à ce soir.

— Qui sait ?

— Ce serait sans précédent sous ce climat !

— Au lieu de se dissiper, on dirait pourtant que cela s’épaissit de minute en minute… Comment allons-nous maintenant passer de l’autre côté ?

Hésitants, ils s’arrêtèrent au bord du trottoir. La place qu’il s’agissait de traverser était large, ils ne se décidaient pas à faire un pas sur le pavé de bois, car leur ouïe les renseignait mal sur la marche des véhicules.

Soudain, une petite silhouette se dressa tout près d’eux : celle d’un gamin d’une douzaine d’années. Sifflant gaiement, il s’élança droit devant lui.

Et l’accident eut lieu en deux secondes. Un haut et lourd fantôme surgit et passa dans un fracas de ferraille. C’était un tracteur chargé de pierre, qui rasait le trottoir pour se diriger plus sûrement vers la rue de Vanves.

L’enfant, surpris, se rejeta en arrière, mais trop tard. L’aile droite avant du véhicule le heurta, le renversa, et les roues broyèrent son pauvre petit corps.

Il n’exhala qu’une faible plainte, que le mécanicien du tracteur n’entendit même pas.

— Mon Dieu ! murmura Juliette en se cramponnant au bras de Jacques pour ne pas défaillir.

Le jeune homme se pencha vers la masse noire qui gisait à ses pieds. Ce qu’il discerna confusément était si horrible qu’il repoussa Juliette avec une sorte de brutalité.

— Ne regardez pas cela ! dit-il d’une voix tremblante. Venez, je vous en supplie !

Juliette se raidit pour vaincre son émotion :

— Il faut pourtant le secourir… le transporter…

— Inutile, tout est fini pour lui… fit Jacques, en l’entrainant.

— Mais nous ne pouvons pas le laisser là ? se révolta Juliette.

— Hélas ! il y aura bien d’autres victimes… Que voulez-vous faire d’utile pour ce malheureux ?

— Je me refuse à abandonner ce corps ! s’obstina-t-elle.

Le hasard fit qu’ils rencontrèrent, tout près de là, un agent errant dans les ténèbres pour rejoindre son poste. Ils le conduisirent auprès du cadavre, et le policier s’exclama avec désespoir :

— C’est affreux ! Le vingtième depuis ce matin ! Et aucun moyen de les tirer de là, les ambulances s’égarent en route !

Juliette et Jacques, péniblement impressionnés, trouvèrent à tâtons la station du Métropolitain. La jeune fille était encore si troublée que Jacques ne voulut pas la quitter et descendit avec elle sans qu’elle refusât.

Dans le souterrain, le brouillard s’infiltrait lentement, mais l’immense tunnel n’était pas tout à fait envahi, et la visibilité restait encore suffisante.

La foule était très compacte, mais nul ne parlait. On sentait que l’angoisse gagnait peu à peu Paris, et qu’un rien eût suffi pour semer la panique.

Il était neuf heures.

CHAPITRE II

D’UN DANGEREUX CAPRICE DE LA NATURE

— Pourvu que je sache rentrer chez moi.

Jacques, sorti de l’atelier de dessin, mit le cap sur la gare en longeant les murs. À chaque seconde, un spectre le frôlait ou le heurtait. Ces chocs étaient si fréquents, si inévitables que nul ne s’en excusait. On les subissait avec résignation, car le Parisien s’adapte très vite aux inconvénients de la promiscuité.

Jacques n’avait pas beaucoup travaillé, au cours de la journée, ni ses camarades non plus. Pour empêcher la brume d’envahir la maison, il avait fallu calfeutrer toutes les issues, coller du papier sur les moindres fentes. Grâce à ces précautions, l’atmosphère de l’atelier était restée suffisamment claire. Mais chaque fois qu’on ouvrait la porte pour entrer ou pour sortir, une certaine quantité de brume s’infiltrait, et il était facile de prévoir que l’obscurité régnerait bientôt au dedans comme au dehors.